Accident de Travail !
Adressé à : Médecine du Travail
Objet : déclaration d'accident du travail
Monsieur,
Je réponds à votre lettre dans laquelle vous me demandez des détails concernant ma déclaration de l'accident qui a eu lieu sur le chantier, alors que j'étais seul, mon apprenti étant parti à midi pour suivre ses cours.
Je suis couvreur, comme vous le savez. Le jour de l'accident, je travaillais sur le toit d'une maison de 4 étages.
A la fin de la journée, ayant terminé la couverture, il restait environ 250 kg d'ardoises, qui devraient être redescendues. Plutôt que de les descendre à dos d'homme par la cage d'escalier, j'ai employé la poulie a laquelle j'avais accroché un grand bac qui m'a servi à monter les ardoises. La poulie était fixée à une potence au bord du toit.
Je suis descendu pour fixer la corde au sol puis je suis remonté et j'ai rempli le bac d'ardoises. Puis je suis redescendu et j'ai défait la corde prudemment pour que la charge de 250 kg descende doucement.
Je pèse 78 kilos. A mon grand étonnement, je fus soulevé avec un choc. Je n'eus pas la présence d'esprit de lâcher la corde. Inutile de préciser que mon ascension fut foudroyante.
Vers le 2ème étage, je rencontrai le bac de plein fouet, ce qui explique la blessure au crâne et la clavicule cassée. J'ai continué à m'élever à toute vitesse jusqu'au moment où le bac a touché le sol. Dans l'élan, je me suis pris les doigts dans la poulie, ce qui explique les diverses fractures aux doigts ... d'où mon écriture qui peut vous paraître tremblante et illisible (pas facile d'écrire avec les 2 pouces et 6 doigts fracturés).
Par le choc, le fond du bac se détacha et sans ardoises, celui-ci ne pèse plus que 25 kg. Comme je suis beaucoup plus lourd, je suis redescendu... à vive allure.
Vers le 2ème étage, j'ai, bien évidemment rencontré, à nouveau, le bac qui remontait en sens inverse, ce qui explique les dégâts au bas du ventre et la cheville fracturée. Cet incident a mi-parcours eut pour effet de freiner légèrement ma course, grâce a quoi je ne me suis cassé que deux vertèbres en tombant sur le tas d'ardoises.
Malheureusement, je dois ajouter que lorsque je me retrouvai couché sur les ardoise, immobilisé par la douleur, je n'eus pas la présence d'esprit de toujours tenir la corde. L'ayant lâchée, le bac amorça une nouvelle descente à haute vitesse et tomba sur mes jambes. J'ai donc eu celles-ci cassées aussi. J'espère vous avoir suffisamment éclairé sur les détails de l'accident et j'attends respectueusement votre réaction.
Aussi après mon rétablissement, je compte prendre ma retraite, car à 63 ans, je pense avoir va laisser une belle "ardoise" à la Médecine du travail.
J'en profite, Monsieur, pour vous présenter tous mes Voeux de BONNE SANTE
